C’était une chouette journée. La pluie s’est tenue loin. Voyez plutôt !!
C’est toujours très difficile de raconter une Fête des sagnes. Ce sont des moments à vivre, des moments à partager, et comment traduire en mots la magie de ce qui se joue dans ce temps quelque peu hors du temps ?
Ca se passe à Anglès cette année, aux Girmanes. Un très beau lieu caché entre le plateau d’Anglès et le lac de la Raviège. On ne soupçonne pas l’existence de ce lieu, il faut y aller exprès. Suivre la petite route qui descend à travers la forêt de hêtres pour déboucher sur quelques maisons, des anciens bâtiments de ferme. Puis partir à pieds à travers bois, à travers champs, pour tomber nez à nez avec de grandes et belles sagnes parcourues par des vaches et des chevaux. Ce sont les troupeaux de Philippe et Sébastien SEGUY, qui depuis de nombreuses années pâturent ici dans ces espaces si paisibles, et entretiennent ces paysages qui touchent tout promeneur sensible.
La pluie menace, mais non, le vent la tient à distance. Le public lui est au rendez-vous. Près de 70 personnes cette année, les inconditionnels de ces rendez-vous si particuliers autour des sagnes. C’est au son du violon que la joyeuse troupe prend le chemin des sagnes.
Cette année nous avons pour guide, nos animateurs du réseau SAGNE, Coralie, Laetitia et Jacques. Au cours de la balade, un drôle de personnage nous rejoint. L’habit décousu et le verbe haut, il ne nous quittera plus. Pédeguèine, de son joli nom, personnage haut en couleurs, conte, de français en occitan et d’occitan en français, de bien belles histoires. Conte d’amour, conte philosophique, histoires de monstres, de ceinture, histoire de vie…. Fil conducteur nous suivons son pas dans ce temps particulier où tout simplement on prend le temps de ne pas aller vite. Enfin.
Après la traversée d’une première sagne et des explications riches et animées, la troupe suit son chemin sur les hauteurs, pour découvrir de plus haut, ce paysage magnifique qui s’offre aux yeux émerveillés. Des près secs, des sagnes, des forêts au loin. Les chevaux courent à notre rencontre. L’étalon devant vient dire bonjour et se faire caresser. Quelle émotion pour les petits et grands qui posent leur petite mains sur l’encolure chaude du maître des lieux. Le violon chante, la troupe est en arrêt face à la beauté du moment. Le violon se tait. Là un peu plus haut, une femme danse le paysage, au son du ruisseau qui descend. Elle entraîne dans sa danse ceux qui lui tendent la main. Moment magique.
La foule repart tranquille, sur les pas de Pédeguèine, s’arrête un peu plus loin pour faire une pause goûter dans le pré. Couchés dans l’herbe, le vent se tait, les rires fusent. C’est de retour dans la forêt que Pédeguèine affrontera la bête, pour se retrouver enfin dans les bras de ses acolytes violoniste et danseuse, sous les applaudissements de la foule ravie. Mais on ne peut pas finir comme ça, on prolonge encore pour découvrir, dans la lueur du soir, la plus belle sagne d’Anglès, la sagne des Girmanes. Dans la lueur des derniers rayons du soleil, en silence la troupe recueillie, traverse la sagne, et achève sa balade.
On ne peut pas se quitter comme ça. Chacun apporte son plat. Alain, Jean-Jacques et Francine, éleveurs de la montagne, ont apporté la viande et la font griller. Dans la grange, tout le monde s’attable et se retrouve dans de joyeux échanges. Tout à coup, le noir, l’électricité décide de faire faux bond. Qu’à cela ne tienne, on reste là, à la lueur des petites bougies et des lampes de poche, pour danser au son du violon et de l’accordéon réunis.
Une très belle fête des sagnes au fond….