Montagne noire audoise, paysage de sagne en hiver. La molinie sèche retombe au sol formant les touradons, grosses touffes sur lesquelles il est très compliqué de marcher. Elle va partiellement se décomposer et former la tourbe. Ses couleurs jaunes ocre, vont tapisser le paysages de touches remarquables, qu’ici d’aucun sait reconnaitre.
Ici la sagne de Lafage dans la forêt du Sambrès. Elle semble impénétrable et pourtant... son propriétaire a tout fait pour retrouver perdue sous la molinie, la Drosera de son enfance, une toute petite plante carnivore, très discrète, que l’on ne trouve que dans les tourbières en Montagne Noire. Et oui, après quelques passages de vaches, la Drosera est réapparue.
Photo : ©Emilie Fernandez
La sagne c’est la zone humide. Même si on ne la voit pas facilement, l’eau circule à l’intérieur de la terre. Il suffit de s’y aventurer sans bottes pour se rendre compte très vite que l’eau est bien là. A la faveur d’une petite gouille (petit trou) elle se montre sous la végétation abondante, qui elle apprécie d’avoir les pieds dans l’eau.
Photo : ©Emilie Fernandez
Une sagne, ça peut prendre différentes formes. Dans la montagne tarnaise c’est souvent une tourbière, un lieu où s’accumule depuis des millénaires, de la tourbe. La tourbe est une matière organique partiellement décomposée. le processus de décomposition ne va pas à son terme car le milieu est trop acide, trop froid et sans oxygène puisque gorgé d’eau.
La sphaigne, que l’on rencontre dans les tourbières, est une plante qui non seulement apprécie l’acidité du milieu, mais en plus contribue à en augmenter l’acidification s’assurant ainsi des conditions de vie optimales, limitant la concurrence.
Les tourbes que l’on trouve dans la montagne tarnaise ont entre 5 et 10 000 ans. Véritables bibliothèques, elles renferment des indications sur l’évolution du paysage depuis le néolithique.
Photo : ©Emilie Fernandez