La période de pandémie actuelle, et d’une façon plus générale toutes les périodes d’incertitudes et d’inquiétudes (comme celle liée au dérèglement climatique), sont propices pour mettre en lumière cet effet psychologique.
Dunning et Kruger sont des psychologues qui à la toute fin du XX siècle ont montré que moins on connait de choses, moins on est compétent dans un domaine, et plus on a une certaine aptitude à partager avec beaucoup de conviction des stupidités.
Inversement la personne cultivée dans un domaine, connaissant l’étendue et la complexité de son sujet d’étude, aurait tendance à être réservée, nuancée, voire à paraitre peu sûre d’elle.
Certains dirigeants de cette planète sont des exemples caricaturaux de ce mécanisme qui propage des fakes news plus vite que le Covid19, ceux qui les répercutent avec une conviction inébranlable également. Alors que les scientifiques, les "sachants" sont eux inaudibles …
Notre domaine, l’agroécologie, n’échappe pas à ce biais cognitif. Nous sommes tous friands d’informations concernant des techniques pour améliorer la façon de traiter les sols, et donc si nous n’y prenons garde, prêts à apporter du crédit à n’importe quel gourou qui en étalant sa science prétend sauver le monde avec des recettes « y’a qu’a, faut qu’on ».
Pourtant seul l’examen attentif et documenté des hypothèses, des méthodes, des faits, des expériences, bref l’usage de la méthode scientifique, nous permet d’échapper à l’effet Dunning-Kruger. Rappelez-vous des propos du Professeur Marc-André SELOSSE lors de la master-class de décembre dernier, quand il avait l’humilité de dire qu’il ne savait pas répondre à certaines de nos questions. On pouvait en être frustré, mais c’est paradoxalement plutôt rassurant !
« Il va falloir toujours se poser des questions. C’est la solution la moins confortable mais c’est la meilleure. Il n’y a pas de solution universelle » dit le professeur SELOSSE.
Seule compte en définitive l’amélioration de nos performances, de notre connaissance d’un sujet pour échapper aux effets délétères de ce biais cognitif. La démarche du Res’eau Sol tente de contribuer un peu à cela. L’exercice n’est pas simple. Il faut à la fois être vigilant devant les informations innovantes et être ouvert au changement, à la mutation de nos paradigmes. Faire preuve de discernement, quoi.
Pour en savoir plus sur cet effet Dunning Kruger, lire dans le site The conversation l’article de Eve FABRE « Comment le coronavirus nous a tous biaisés »